SUKHASIDDHI

Née au Cachemire occidental, Sukhasiddhī était la mère de trois fils et de trois filles. Cette femme, bonne et généreuse n’hésitait pas à donner ce qu’elle possédait aux indigents. Un jour, alors qu’il ne restait qu’une ration de riz pour se nourrir, sa famille partit à la recherche de nourriture, laissant Sukhasiddhī seule à la maison. Un homme encore plus pauvre vint à frapper à la porte, quémandant de la nourriture. Elle lui offrit la maigre ration de riz qui lui restait. Alors que, revenus bredouilles, son époux et ses enfants apprirent ce qu’elle venait de faire, Sukhasiddhī fut chassée hors de chez elle. Elle quitta le Cachemire et se mit en direction de l’ouest vers l’Oḍḍiyāna dont on disait que tous les hommes étaient des ḍākas et toutes les femmes des ḍākinīs.

En arrivant, elle reçut un sac de riz et fit commerce de bière. Chaque jour, une yoginī venait lui acheter de la bière.  Sukhasiddhī lui demanda pour qui elle faisait cela et la yoginī lui répondit que c’était pour le grand yogī Virūpa qui réside dans la forêt.  Sukhasiddhī lui donna sa meilleure bière et refusa tout paiement.

Lorsque Virūpa entendit cela, il fit appeler Sukhasiddhī et lui transmit les quatre initiations complètes des pratiques yogiques ainsi que les pratiques secrètes des phases de création et d’achèvement. Elle devint aussitôt une ḍākinī de sagesse. Par le pouvoir de ses réalisations, son corps fut complètement purifié et se transforma en un corps d’arc-en-ciel.

Sukhasiddhī était l’une des quatre lamas-racine de  Khyungpo Neljor à qui elle conféra entièrement les quatre initiations non-communes de la pratique secrète, les six yogas secrets et les triples instructions orales. Elle lui donna également toutes les instructions du tantra-mère qui conduisent à l’éveil en l’espace de quelques mois ou années.  Des quatre lamas-racine de Khyungpo Neljor, Nigouma, Rāhula, Maitripa et Sukhasiddhī, cette dernière était celle qui lui témoigna le plus de bonté.

Chant du Mantra de Sukhasiddhi par Kyabje Kalou Rinpoché